Si Fresnel peut jouer un rôle dans l’histoire de l’éclairage des côtes de France, il le doit à un milieu savant très puissant au début du XIXe siècle qui contrôle des institutions anciennes – l’Académie des sciences, l’Observatoire de Paris – et contemporaines, comme Polytechnique (1794), héritière des écoles d’ingénieurs de l’Ancien Régime.

Quand Arago le fait monter à Paris en 1819, Augustin Fresnel n’est pas le génie des phares célébré dans tous les ouvrages de vulgarisation scientifique du XIXe siècle, mais un jeune ingénieur des Ponts qui se morfond dans la région où sa carrière l’a conduit : la Bretagne. Sa vocation est la science, à laquelle il se consacre depuis son admission à l’École polytechnique en 1804. Il publie en 1815 un premier mémoire sur la diffraction, fondateur de la théorie ondulatoire de la lumière.

En 1819, Arago l’appelle auprès de lui à Paris pour y superviser des expériences sur l’éclairage des phares. Dès son arrivée à la Commission, Fresnel propose l’emploi de lentilles à échelons, afin de produire des rayons parallèles plus puissants et plus économes que ceux émis par des réflecteurs, puisqu’une source unique permet d’éclairer l’horizon. Dans son Mémoire sur un nouveau système d’éclairage des phares (1822) Fresnel écrit que cette idée n’a rien de lumineux, puisqu'il reprend, en l’inversant, le principe des verres ardents, bien connus des savants du XVIIIe siècle.

Le principal problème de Fresnel n’est pas de concevoir son appareil à lentilles mais de le faire construire et de convaincre savants et marins de son efficacité.