Alors que les congés payés n'ont pas encore été adoptés par le Front populaire, Cordouan connaît au milieu des années 1930 une crise de croissance touristique inédite. L'administration des Phares et Balises est bien informée du succès touristique des phares en général et de Cordouan en particulier. Dès 1860 un règlement est publié pour encadrer l'accueil dans les phares, proscrivant les pourboires et créant un registre spécial pour enregistrer les noms et qualité des visiteurs. Mais le cas de Cordouan, phare en mer, pose des problèmes spécifiques.

Les gardiens ont organisé un système de visite par groupe de 15, admis tous les quarts d'heure, portant à 120 le nombre maximum de visiteurs pendant les 2 heures et demi d'ouverture. En effet, pour des raisons de sécurité, les visites commencent à mi-marée descendante et s'arrêtent une demi-heure avant le flot.

Victime de son succès, le phare est pris d'assaut aux beaux jours de l'été par les visiteurs déposés par les passeurs de Royan. Ceux-ci n'ont pas de quotas mais des règles de sécurité maritime fixées par la Préfecture maritime depuis 1885, quand la noyade accidentelle de quatre touristes a révélé de sérieuses négligences.

Les échanges entre les administrations des Ponts et des Affaires maritimes est révélatrice de la non-gestion touristique de Cordouan, aucun service ne voulant assumer l'organisation globale de la visite, ou plutôt fermant les yeux sur les arrangements entre les transporteurs royannais et les gardiens de phare qui vendent, avec la bénédiction de leur hiérarchie, une brochure historique rédigée par l'ingénieur du Verdon-sur-Mer.

La Deuxième Guerre mondiale et la destruction de Royan vont durablement stopper le tourisme à Cordouan. Mais il n'est pas étonnant, au regard de l'histoire, de voir le Service des phares et les transporteurs remettre en place un système de visite dans les années 1980, portant à 220 le nombre de visiteurs admis par marée.