Le phare a une double fonction : d’un côté, il signale que l’on s’approche de la côte (rôle d’alerte) et de l’autre il renseigne sur la localisation du navire au moment de son arrivée (rôle de positionnement). Cette deuxième mission était particulièrement importante au XVIIIe siècle lorsque les instruments de relevé nautique (cercle, octant, sextant) étaient peu performants. Une erreur de plus de 200 km était parfaitement envisageable. L’idée était donc d’identifier le phare par un nombre d’éclats lumineux qu’il produit dans un temps donné.

Une première amélioration voit le jour en Suède ou l’ingénieur Jonas Norberg (1711-1783) fait construire un fanal équipé de miroirs tournants. Des essais entrepris dans les petits phares de Korsö (1757) et de d’Örskaren (1768) près de Stockholm sont confirmés en 1780 au phare de l’île de Marstrand dans le Kattegatt. La rotation du faisceau permet d’obtenir des périodes d’obscurité et de lumière qui aboutissent à la création d’un rythme lumineux identifiable par les marins.

L’innovation est reprise en France par Simon Le Moyne (1727-1806) à Dieppe où il installe un fanal tournant sur la jetée principale du port. Le nouveau phare s’allume en 1787 sur une tour en bois construite avec l’aide de la chambre de commerce de Dieppe et du Chevalier de Borda. Le principe des feux tournants est maintenant pleinement acquis. Il est transposé au phare de Cordouan au moment de son exhaussement de 60 pieds réalisé entre 1786 et 1789 par l’ingénieur Joseph Teulère (1750-1824). L’appareil de Tourtille-Sangrain est démonté et remplacé par 12 grands réflecteurs paraboliques montés sur une armature tournante installée dans une immense lanterne. L’ingénieur-mécanicien Lenoir est chargé de réaliser les grandes coupelles argentées et la machine de rotation.