L’Écosse est une nation pionnière en matière de phares. Son premier feu est allumé en 1636 sur l’île de May, à l’embouchure du Forth, l'un des grands fleuves du pays.

Une Commission des Phares du Nord (Northern Lighthouse Board) est créée en 1786. Elle a supervisé la construction de 84 grands phares dans les lieux les plus isolés des côtes et des îles d’Écosse.

Les chantiers sont confiés à une dynastie d'ingénieurs dont le fondateur, Robert Stevenson (1772-1850), se fait connaître grâce au chantier en mer de Bell Rock (1811). Fils et petits-fils poursuivront l'œuvre de Robert Stevenson... à l'exception de l'écrivain Robert Louis (1850-1894).

Architecte de plusieurs phares majeurs de son pays, Robert Stevenson entreprend en 1824 un voyage de plus de deux mois à bord du Regent, le bateau de service des phares et balises écossais. Il part à la rencontre de Fresnel à Paris, puis longe le littoral français jusqu'à Royan. Le maître du port a été prisonnier sur un ponton anglais pendant les guerres napoléoniennes. Il sert d'interprète pendant la visite de Cordouan qui se déroule le 12 septembre. Stevenson offre au phare et à ses gardiens un exemplaire dédicacé de son livre sur la construction de Bell Rock.

L'ingénieur écossais s'intéresse surtout au système lenticulaire de Fresnel, installé depuis un an à Cordouan. Il rentre à Edimbourg avec deux dessins de Cordouan, le seul phare français digne d'apparaître dans l'Encyclopædia Britannica, aux côtés d'Eddystone et de Bell Rock.

Monument d'architecture en mer de renommée internationale, laboratoire d'une innovation majeure dans l'histoire de la signalisation maritime, Cordouan est le phare majeur pour les ingénieurs au début des années 1820. Il méritait bien ce long voyage, depuis Edimbourg, de Robert Stevenson.