D'où vient le toponyme Cordouan ? Souvent rapproché de Cordoue, Cordouan a probablement une autre origine. Certaines explications, peu crédibles, ont trait au nom de l'ingénieur de la première tour, qui se serait appelé « Cordou(e) », ou à l'érection de la tour par les Arabes de Cordoue, lors de l'invasion des Sarrasins en 732. La parenté avec la ville espagnole de Cordoue a été considérée comme une explication plausible du fait des relations marchandes entre le port de Bordeaux et la ville de Cordoue dès le VIIe-VIIIe siècle : le trafic maritime aurait nécessité la construction d'un phare en raison du passage trop dangereux pour livrer la marchandise. Or, la comparaison des différents toponymes et la compilation des sources permettent un rapprochement entre Cordouan et les bancs de sable qui l'entourent : les Asnes. L'étude des portulans anciens est un indice précieux : si on trouve Cordoan ou Cordouan dans les écrits dès le XVe siècle, il faut attendre la fin du XVIe pour le voir apparaître sur les cartes où il demeure Cordan ou Ricordane. De surcroît, les écrits latins font mention d'un Cordanus qui n'a rien à voir avec le nom latin de Cordoue, Corduba. L'île de Cordouan est située au cœur (cor en latin) des bancs de sable les Asnes, signalés sur de nombreuses cartes. La contraction de cor et Asnes expliquerait le toponyme de Cordan. Au fil des siècles, ce cœur des Asnes serait devenu Cordouan rejoignant ainsi le toponyme Ricordane, venant du latin « se souvenir » : le lieu géographique où il faut se rappeler d'être prudent. Il semblerait logique que ces bancs, dont les dangers motivent la construction du phare, aient caractérisé l'île au point de lui donner son nom.