Il faut attendre la fin du XVIIe siècle, soit soixante-dix ans après la construction de Cordouan, pour voir s’allumer de nouveaux feux sur les côtes de France. Le pouvoir monarchique centralisé s’affirme alors par la maîtrise militaire et scientifique du territoire. Cette conquête commence par l’établissement de cartes, confiées aux géographes de l’Observatoire de Paris, et la construction, matérielle et symbolique, de la notion moderne de frontière. C’est le temps du pré carré et des fortifications de Vauban. Le roi entend également se doter d’une Marine puissante et maîtriser le littoral français. L’ordonnance sur la Marine de Colbert codifie cette volonté politique en 1681, en unifiant la législation coutumière du littoral et en y organisant les administrations d’État.

Sous la direction de Vauban, les ingénieurs des fortifications incluent donc dans leurs programmes de défense des côtes quelques tours à feu, d’une architecture militaire plus simple que Cordouan.

À leur sommet, un foyer brûle du bois, puis du charbon, d'où le nom de « tour à feu ». Aux pointes des îles de Ré et d’Oléron (1682 et 1685), deux tours sont construites pour assurer la sécurité des bateaux ralliant La Rochelle et l’arsenal de Rochefort, dont la construction a commencé en 1666. La sécurité des bateaux du roi jusqu’au port militaire de Brest est garantie par un feu sur l’abbaye Saint-Mathieu de Fine-Terre (1692) et la tour du Stiff (1699), sur l’île d’Ouessant. Au cap Fréhel, les « Messieurs de Saint-Malo » financent un édifice, qui sera remplacé en 1702 par une fortification de l’ingénieur Siméon Garengeau. Ces premières tours à feu sont hybrides, entre défense du littoral et signalisation des côtes, et donc étroitement contrôlées par les ingénieurs militaires.

De nouveaux phares sont construits à la fin du XVIIIe siècle dans la Manche (Barfleur, La Hève, l'Ailly), à l'initiative de la chambre de commerce de Rouen. Ils constituent, avec Cordouan et quelques feux de port, le premier réseau des phares de France.