Un phare, surtout quand il est isolé en mer comme Cordouan, ne peut fonctionner sans une chaîne logistique, un réseau qui l'approvisionne en matériel et en combustible. Dès les années 1730, Cordouan est relié à Royan où une maison est achetée pour stocker le charbon acheminé en chaloupe jusqu'au phare.

Au cours du XIXe siècle, le service des phares étend ses prérogatives au balisage, c'est-à-dire à l'ensemble des dispositifs, diurnes ou nocturnes, qui aident le marin dans sa navigation : bouées, tourelles, amers, espars. Il s'agit en particulier d'améliorer le balisage des chenaux dans les grands estuaires. Des bouées en tôle sont fabriquées. Leur entretien demande de nouveaux espaces de maintenance et de stockage – les parcs de balisage –, ainsi qu'une flotte spécifique pour les mouiller et les relever : les baliseurs. La maison de Cordouan, sise à Royan, se transforme en un parc de balisage et devient le port d'attache de l'Eclaireur de la Gironde. Dans les années 1890, une usine est construite pour produire le gaz nécessaire aux 38 bouées lumineuses qui jalonnent l'estuaire jusqu'à Bordeaux.

À la fin des années 1920, de grands travaux sont entrepris pour faire du Verdon-sur-Mer un « avant-port d'escale » de Bordeaux. Le transfert du parc de balisage est décidé et financé par le Port autonome, dont les crédits sont abondés par la vente des terrains du parc de balisage de Royan, rue de la Marine. Outre les ateliers, une cité ouvrière est construite pour héberger l'ingénieur, les gardiens de Cordouan et leur famille. Le lien « industriel » entre Royan et Cordouan est rompu au profit de la rive gauche.