Les tours à feux existent depuis l'Antiquité. La plus ancienne, construite sur l’île de Thasos, date du VIe siècle av. J.-C. Les Grecs, puis les Romains, en bâtissent autour de la Méditerranée. Atteignant le détroit du Pas-de-Calais, les Romains établissent en l’an 40 le premier phare des côtes de France : la tour d’Ordre, à Boulogne. Ruinées par la chute de l’Empire romain, les tours à feu réapparaissent au Moyen Âge dans les villes portuaires : Aigues-Mortes (1248), Calais (1290), Le Planier (1320), au large de Marseille, Dunkerque (1365), La Rochelle (1468) où l’on peut encore visiter la Tour à la Lanterne. Les farots de Provence, ainsi nommés d’après les phares médiévaux italiens de Gênes ou de Messine, assurent au début du XIVe siècle une fonction de signal de défense. Outre les feux, les ports se soucient de signaler leurs accès en balisant la route des marins au moyen de bouées, d’amers de bois ou de tours. C'est dans ce contexte qu’Édouard de Woodstock (1330-1376), dit le Prince Noir, fait construire une tour polygonale de seize mètres sur l'île de « Cordoan », à l'entrée de l'estuaire de la Gironde. La couronne anglaise domine alors la Saintonge et  la Guyenne. Bordeaux est la capitale de cette région d'où les exportations de vin par des bateaux de faible tonnage sont importantes. Aucune trace ne subsiste de cette tour dont l'existence est attestée dans les archives médiévales, en particulier des réclamations des ermites auxquels elle est confiée. Elle tombe en ruine au XVIe siècle et disparaît avec l'île pendant les travaux de Louis de Foix.