Construit aux temps des guerres de Religion, Cordouan a traversé les siècles, les guerres, les révolutions. Il a connu des périodes de gloire, d'autres où il est tombé dans l'oubli. Sa tour, sa lanterne et son système d'éclairage ont subi des transformations considérables. Avec la fin de la veille des gardiens « Phares et balises », Cordouan entre de manière inédite dans son cinquième centenaire. Sa dimension historique, esthétique et patrimoniale est désormais au cœur des discussions et des décisions que l’État, les collectivités et tous les amis du phare doivent prendre pour garantir son avenir. Depuis deux ans, et dans la perspective de la « grande relève » intervenue le 29 juin 2012, un syndicat mixte invente cette nouvelle gouvernance du site, en liaison avec l’État, les collectivités, l'association des amis du phare, les transporteurs.

L'idée d'abandonner ou de fermer Cordouan est inenvisageable  : le feu est toujours allumé pour les marins, la visite au phare fait vivre une petite économie locale. Mais l'attachement à Cordouan est avant tout symbolique. Le poème commandé par Louis de Foix se termine par un tercet aux accents prophétiques :

« Tu t’es acquis par là un honneur infini

Qui ne finira point que ce phare de gloire

Le monde finissant ne se rende finy »

La fin de Cordouan serait la fin d’un monde, mais lequel ? Peut-être la fin d’une « modernité », aujourd’hui fortement contestée, une relation entre pouvoir politique, territoire et esthétique dont Cordouan est une manifestation unique au monde.

Cordouan témoigne de la volonté des hommes à habiter le monde en lui donnant un sens qu'ils doivent sans cesse interroger et reconstruire. Depuis quatre siècles, la nature, l'art, la technique dialoguent à Cordouan. Que chacun se mette au service de ce monument pour que le fil de ce dialogue ne soit jamais rompu.