Le chenal de la Gironde a été un espace pionnier dans l'utilisation de bateaux-feux, où la lumière est portée par par un ponton immobile, à l'ancre. Anglais et Hollandais avaient choisi ce système de balisage dès le XVIIIe siècle. Les ingénieurs des Ponts, sans doute moins maritimes que terriens, attendent le milieu du XIXe siècle pour tester ce système dont la mise en œuvre n'est pas freinée par la technique mais pas des considérations administratives : bien qu'immobiles, les marins des bateaux-feux sont inscrits et gérés par le quartier des affaires maritimes, qui dépend alors de la Marine.

Pour répondre aux réclamations des capitaines et pilotes qui ne veulent plus attendre le point du jour pour remonter l'estuaire, le premier bateau-feu est installé en Gironde, sur le banc de Talais, en 1845. C'est un ponton de bois armé par une quinzaine de marins : capitaine, second, lieutenant, matelots, charpentier, cuisinier, mousse. La relève de l'équipage a lieu tous les mois.

Quinze ans plus tard, en 1860, un nouveau ponton de bois est construit, le Talais 2. L'ancien ponton est déplacé et rebaptisé Mapon. Il signale la route vers Pauillac, avec un autre feu flottant, le By. En 1870, un quatrième feu-flottant est mouillé sur le Grand-Banc, au large de la Coubre.

Les pontons de Mapon et de By sont désarmés en 1897. L'administration cherche à réduire le coût d'entretien des bateaux-feux en les remplaçant par des bouées automatiques à gaz.

Une nouvelle génération de bateaux-feux voit cependant le jour à la fin des années 1890. Construit en acier et armé par un équipage réduit à quatre hommes, le Talais 3 est allumé en 1898. Le chantier bordelais Dyle et Bacalan se fait une spécialité de ces constructions navales particulières et livre deux feux destinés aux bancs du Pas-de-Calais, après des essais dans la Gironde