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- Le phare des Lumières
- Teulère, architecte et ingénieur
- Teulère, homme des Lumières
Né à Montagnac, près d’Agen, en 1750, Joseph Teulère, fils d’un maître-maçon peut se définir par ses origines modestes et une ascension à la force du poignet liée à son seul travail. Il gravit tous les échelons du métier, d’apprenti à celui de compagnon appareilleur de pierres tout en suivant à Paris des études d’architecture, exemple de trajectoire de « self made man » défini « laborieux et sage ». Il entre dans les services de la Marine à Bordeaux comme « architecte faisant fonction d’ingénieur des bâtiments civils » ce qui l’amène à prendre en charge le suivi de l’entretien et des travaux de la tour de Cordouan. Travailleur acharné, à la fois homme de terrain et homme de dossiers théoriques et techniques, homme des Lumières à la sensibilité rousseauiste, Teulère consacre une quinzaine d’année à Cordouan, monument qui le fascine, ainsi qu’à l’aménagement de l’estuaire.
Teulère est tout à la fois architecte et ingénieur au cœur des nombreux projets d’exhaussement de la tour dans les années 1780. Ses multiples mémoires, études, plans, ses sondages dans les fondations de la tour, ses calculs de résistance traduisent une approche résolument scientifique avec déjà une véritable modélisation. C’est lui qui assure, sur le terrain, la maîtrise d’œuvre du projet et la conduite directe du chantier où il séjourne longuement, l’administration recensant en 1793 ses 88 mois passés « à la mer ou à la tour de Cordouan » en 17 ans de service. Teulère, remarquable cartographe, est aussi un inventeur passionné qui contribue à la mise au point du système des réverbères paraboliques et du mécanisme du feu tournant installés à Cordouan.
Si ces mérites sont reconnus partiellement en 1787 par l’obtention du brevet de sous-ingénieur des bâtiments de la marine, il doit attendre la Révolution pour être nommé ingénieur en chef des bâtiments civils de la Marine de l’arrondissement de Rochefort, avant de devenir en 1799 un des quatre directeurs des travaux maritimes.
Sa « fiche professionnelle » en 1791 résume bien sa personnalité et ses compétences vues par l’administration de la marine : « Sujet fort doux, honnête, très modeste et très laborieux. Il est très bien instruit, joignant à la théorie une pratique exercée… Il a donné des preuves de ses talents dans les ouvrages qu’il a fait sur les phares et pour la surélévation de la tour de Cordouan… »