« On a beaucoup écrit sur la Tour de Cordouan, et l'on écrira encore ; le sujet est tentant, car nul n'a mis les pieds sur ces roches sans être frappé par la majesté du doyen des phares ». Ainsi s'exprime Gustave Labat (1824-1917), l'érudit sans lequel notre connaissance de Cordouan tiendrait plus de la légende que de l'histoire, science humaine en plein essor au XIXe siècle.

On sait peu de choses de cet homme qui, pendant trente ans, a recherché, traduit et critiqué des documents inédits. Il les publie dans une somme en cinq volumes (Documents sur la ville de Royan et la tour de Cordouan, 1884-1901) qui demeure aujourd'hui encore une source inestimable pour connaître Cordouan. Labat aime la mer : il est l'un des premiers yachtmen du bassin d'Arcachon. Il a donc croisé au large du phare. Labat appartient au monde des sociétés savantes : il est membre de la Société des archives historiques de la Gironde et de l'Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. Il peut s'appuyer sur les travaux pionniers que Philippe Tamizey de Larroque (1828-1898), historien de la littérature, spécialiste du XVIIe siècle, consacre à Louis de Foix dans les années 1860. Il bénéficie également des publications des archivistes et des bibliothécaires de la ville de Bordeaux, Ernest Gaullieur (1827-1893) et Raymond Céleste.

Dans ses textes, Labat remercie également Charles Marionneau (1823-1896), peintre, critique d'art, archéologue et historien local de la Gironde. Marionneau écrit un peu sur Cordouan. Il publie en 1872 un ouvrage sur Jean-Raymond Brascassat, un peintre qui se rendit au phare en 1822 avec les premiers touristes du plateau. Labat a laissé quant à lui quelques dessins de Cordouan.

Les éléments biographiques recueillis sur ces érudits oubliés de Cordouan, dont Labat est la figure majeure, gravitent autour de passions communes : l'histoire bien sûr, mais aussi la mer et l'esthétique. Trois manières d'aborder le phare-monument, hier, aujourd'hui et demain.