Le phare de Cordouan et la tour à feu des Baleines brûlent à l'origine de l'huile dans une lanterne de pierre. Le « rendement » de ces lampes placées derrière d'épaisses vitres encrassées, séparées par de larges trumeaux de pierre, est fort médiocre. À Cordouan, la lanterne de pierre est calcinée par la combustion des huiles, si bien que, devant le danger d'une chute, il est décidé en 1717 de la détruire et de remplacer la combustion de l'huile par celle du charbon.

Suggérée à la fin du XVIIe siècle par Vauban, l'adoption du charbon brûlé à l'air libre est inspirée par l'exemple des feux anglais. Il est utilisé au phare du Stiff (Ouessant) et, à partir de 1716, pour les deux feux de Chassiron. Un nouveau réchaud en fer, inspiré de celui utilisé au phare de l'île de Texel (Provinces-Unies), est spécialement construit pour Chassiron. Il sera copié à Cordouan.

Chaque nuit d'allumage, le foyer brûle 100 à 150 kilogrammes de charbon que le gardien doit transporter au sommet de la tour à l'aide d'un panier.

L'ingénieur des fortifications de Bordeaux, Bitry, dessine une lanterne de fer pour abriter le nouveau feu de Cordouan. Haute de 15 pieds (5 mètres), pour un diamètre de 8 pieds (2,70 mètres), elle est forgée dans le Berry, assemblée par un serrurier de Nevers et transportée par voie fluviale (la Loire) et maritime jusqu'à Cordouan. Le feu à charbon est allumé en 1727.

Le fonctionnement des phares impose une chaîne logistique à longue distance. Le charbon vient en effet d'Angleterre, de Bretagne ou du centre de la France (Decize, Saint-Étienne). Bitry transforme une maison de Royan en magasin pour stocker plusieurs mois de réserve du combustible. Le phare des Baleines adopte le système « fer et charbon » dans la foulée de Cordouan (1736). Une lanterne est installée au Stiff en 1740 : le fonctionnement des phares du Royaume devient plus uniforme, sous l'impulsion des ingénieurs du roi.