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- Teulère, architecte et ingénieur
- Un plan de balisage pour la rivière de Bordeaux
Teulère intègre dans sa mission la sécurisation et l’aménagement de la « rivière de Bordeaux » et notamment de l’embouchure, le secteur le plus sensible et le plus dangereux. La nécessité de la mise en place d’un système d’aide à la navigation plus performant à la fin du XVIIIe siècle s’articule autour de l’exhaussement de la tour et d’une amélioration des feux visibles de plus loin en mer.
La coupe dressée par Teulère de l’entrée de la Gironde simulant la portée des nouveaux feux d’une tour surélevée constitue le premier élément du dossier. Reste à dresser des cartes suffisamment précises et fiables de l’estuaire, des passes étroites et tortueuses, des amers et des alignements à suivre.
Dans la ligne des différentes cartes renouvelées tout au long du siècle et de la mise en place d’un réseau de balises le long des côtes saintongeaises et médocaines (clochers surélevés, balises en bois ou tours en pierres), Teulère, soucieux d’établir un plan global et intégré de la signalisation de l’estuaire, va se lancer dans un travail méthodique de cartographie de l’estuaire passant par une série de campagnes de relevés hydrographiques de la partie maritime et de relevés topographiques des rivages, menées en collaboration avec les pilotes de la Gironde, meilleurs connaisseurs et praticiens des chemins et des dangers de l’estuaire.
Teulère peut ainsi construire deux cartes de « l’entrée de la rivière de Bordeaux » en 1787 et en l’an VIII, « relevée en divers temps depuis 1776 et vérifiée à Royan par les pilotes lamaneurs ». Ces cartes colorées, dessinées très finement, ornées d’allégories, constituent, avec le dessin précis des passes, des routes à suivre avec leurs alignements, accompagnées de vignettes représentant tous les amers, un véritable manuel nautique et mode d’emploi pratique pour entrer et sortir de la Gironde. Bien évidemment, Cordouan apparaît dessiné au centre de l’embouchure, balise géante et amer majeur à partir duquel les navires doivent se repérer avant de prendre les passes de la « rivière de Bordeaux ».