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- Cordouan, un phare parmi d’autres ?
- Gardiens de phare
- Les gardiens sous l’Ancien Régime
Cordouan voit se succéder tous les types de gardiens.
La tour médiévale, jusqu’au XVIe siècle est desservie par deux ermites, mal connus, mais qui perpétuent la tradition de l’isolement, de la prière et du service, avec la mission chaque soir « d’allumer le fanal pour la sûreté des vaisseaux ».
Avec la tour de Louis de Foix, c’est le terme de gardes qui est utilisé, au nombre de trois sous Louis XIV, « gagés pour y rester, y allumer le feu chaque nuit et faire les réparations nécessaires ».
À partir du XVIIIe siècle, ils sont quatre à séjourner dans la tour avec un règlement définissant précisément leur statut et leur service.
Dirigés par un « chef gardien », ils doivent avoir des connaissances de serrurerie et de maçonnerie, « ni trop jeunes ni trop vieux, de la religion catholique ». Majoritairement issus des paroisses de la rive saintongeaise de l’estuaire, ce sont d’anciens marins ou artisans, enrôlés après enquête de moralité, surveillés depuis Royan, base logistique du phare, par le commissaire aux classes. Modestement payés (de 150 livres pour les gardiens à 400 livres pour le chef), ils bénéficient cependant d’une retraite à l’image des gens de mer. Leur travail, défini par des règlements en théorie très précis, place toujours en priorité « le service du feu », l’approvisionnement de la lanterne, son entretien, l’allumage et la surveillance nocturne. Ouvriers polyvalents, ils sont à la fois serruriers, menuisiers, maçons chargés des réparations quotidiennes et évidemment chargés du nettoyage quotidien. À la fin du XVIIIe siècle viennent se greffer la tenue du registre du phare et l’entretien plus complexe des nouveaux feux et de la « machine tournante ».
Leurs conditions de vie sont particulièrement rudes. Première donnée, l’isolement à la mauvaise saison, l’ingénieur Claude Masse soulignant au début du XVIIIe siècle, « qu’ils peuvent rester deux ou trois mois sans recevoir aucun secours de terre ferme », vivres et combustibles étant stockés pour six mois. La liaison, toujours fragile, est assurée épisodiquement par les pilotes de Royan puis par la chaloupe affectée au phare sans compter un système de signaux de fumée et de pavillons pour communiquer avec la côte. Descendre à terre reste une simple tolérance, « à tour de rôle pendant le printemps pour se rafraîchir ». L’alimentation est frugale suivant le régime de matelots, à base de biscuit de mer, d’un baril, lard, beurre, fromage le tout complété par les ressources de la pêche sur le plateau rocheux de la tour. Outre le vin, l’eau provient d’un ingénieux système de récupération sur le phare avant qu’elle soit stocke dans des citernes. Enfin, les gardiens sont logés dans des « réduits » aménagés dans la plate forme. L’isolement, la pénibilité du travail, les intempéries, l’humidité, le froid usent vite les organismes et rendent le recrutement difficile à l’image du gardien chef en 1783 « qui s’est dégoûté de ce séjour affreux dans l’hiver ».