Parfois l’homme construit sur l'estuaire des digues, une usine, un village, mais lui aussi doit vivre avec l’eau. Les meilleurs vins du monde de la rive gauche tiennent leur force du soleil, mais aussi de cette omniprésence de l’eau. Ce qui a été pris au fleuve par endiguement ou par dragage, le long des siècles, apporte encore quelques richesses : terres de cultures, protections de villes et transport fluvial. La qualité des eaux drainant les bassins industriels et les zones urbaines en amont est sans doute plus inquiétante.

L'estuaire de la Gironde long de près de 100 km, est ce théâtre de vie et mouvement à ciel ouvert. Qualifié de sauvage, car il est, comparé à ses homologues français, peu artificialisé sur les berges. Son étendue et son fonctionnement hydrosédimentaire permettent encore de lui appliquer la formule universelle : rien ne s'y crée et tout s'y transforme.

Parfois, une masse de sédiments est si importante qu'elle n'est plus transportable par le flux et elle se dépose. Les îles de l'estuaire se sont formées ainsi par dépôts de vases et limons ; certaines ont été fixées ensuite par endiguements.

Vers l’embouchure, les minéraux les plus solides deviennent sable, après avoir été galets. Dans sa phase aérienne (dune) ou sub-aquatique (îlot, voire île), le sable demeure un élément mobile. Les sables provenant de l'océan ou des côtes proches se déposent ainsi pour quelque temps sur un haut fond ou sur un socle rocheux près de la côte. La vie s’y installe rapidement, avec une flore et une faune supportant la forte chaleur, le sel, l’inondation régulière. Mais c’est là une vie précaire.