D'après l'antique légende, l'île d'Antros est suspendue sur l'eau et s'élève à son rythme, donnant ainsi l'impression de flotter.

Au Ier siècle de notre ère, le géographe Pomponius Mela situe l'île d'Antros à l'emplacement qu'occupe l'île de Cordouan. Il explique cette croyance par le fait que lors d'une crue, les eaux recouvrent l'espace qui l'environne et seule l'île surnage, dominant ainsi les alentours. Ce phénomène était d'autant plus spectaculaire que, selon certains, l'île serait en fait rattachée à la terre ferme, et qu'elle serait alors la seule apparente lorsque les eaux montent.

Cette croyance associant l'île de Cordouan à l'île d'Antros perdure par la suite, notamment chez Gabriel de Lurbe dans sa Chronique Bourdeloise en 1617, ou Louis Moreri, qui dans son Dictionnaire, en 1674, définit Antros comme « une petite île où est bâtie la tour de Cordouan ». Par la suite, l'ingénieur du Roy, Claude Masse, établissant ses cartes de la Gironde et de la Saintonge au XVIIIe siècle, évoque l'île d'Antrosse qui couvrait autrefois le rocher de Cordouan.

Le rattachement de Cordouan à la terre ferme, par la pointe de Grave, expliquant l'assimilation avec Antros, est surtout attesté par les difficultés d'acheminer les matériaux sur le chantier de la tour par bateau. C'est pourtant ce qu'a fait Louis de Foix dès 1584, invalidant ainsi le principal argument de cette hypothèse.

L'évolution principale autour de l'île se caractérise en fait par l'accroissement des bancs de sable, rendant l'accès à Cordouan plus difficile, phénomène confirmé par l'ensablement de la basilique de Soulac au XVIIIe siècle.