Cordouan est un phare en mer à la fois exceptionnel et normal. Il est exceptionnel par la générosité des espaces offerts à ses gardiens, à l'instar d'un autre grand phare isolé, les Roches-Douvres (Côtes d'Armor). Chambres, cuisine, locaux techniques sont vastes et strictement séparés, alors qu'ils s'interpénètrent dans un phare en mer « vertical ».

Le relatif confort ainsi offert ne dispense pas les gardiens des sujétions particulières imposées par leur métier, qui est aussi un choix de vie. La vie dans un phare en mer est celle d’un bateau de pierre : le rythme du quart, l’autonomie en vivres et en matériel, la présence de machines, des bruits auxquels le gardien s’habitue, une odeur tenace d’huile, la vacation radio quotidienne avec la subdivision.

L’allumage du feu à la tombée du jour est l’instant critique au terme duquel le gardien regagnait la chambre de veille. Cette pièce située entre l'ombre de l'escalier et la lumière de l'optique témoigne d'un quotidien souvent banal, qui s'écrit au fil des carnets et des registres tenus par le gardien pendant son quart, bien loin de la vision héroïque ou mythifiée qu’en donnent la littérature, le cinéma ou les médias.

Après la Seconde Guerre mondiale et l'électrification, la vie à Cordouan a changé, mettant fin au rituel de l'allumage. Reste un quotidien à remplir entre les quarts et les repas : les loisirs que le plateau rocheux offrent, en particulier la pêche et, avec le retour des beaux jours l'accueil des visiteurs qui fait de Cordouan un phare en mer unique au monde.