Quand Louis de Foix (1535?-1602?), ingénieur du roi Henri III, est appelé en 1584 pour construire un monument dans l’estuaire de la Gironde, le phare d’Alexandrie n’est plus qu’un souvenir. Haute de plus de cent mètres, la tour mythique porte le nom de l'île sur laquelle elle est construite à partir de 297 av. J.-C. : Pharos. Elle était une aide pour les marins, mais surtout un monument à la gloire de la dynastie des Ptolémées et un concentré de la science et des arts de son temps.

Après sa disparition au début du XVe siècle, le phare devient un mythe entretenu par les voyageurs et les artistes. Ses représentations restent fantaisistes jusqu'au travail scientifique des archéologues, qui fouillent toujours le site à la recherche des vestiges immergés de cette merveille du monde.Les gravures du XVIe siècle l'imaginent comme une sorte de tour de Babel, sans aucun rapport avec les informations transmises par les manuscrits arabes.

Il existe cependant un lien intime entre Cordouan et Alexandrie, dont l'histoire est connue de Louis de Foix. Il convainc le roi que sa tour, ravivant la mémoire du Phare, est le monument qui transmettra sa mémoire à travers le temps. De Foix obtient qu'à l'égal de l'architecte d'Alexandrie, Sostrade de Cnide, sa mémoire soit célébrée sous la forme d'un buste et d'un poème.

Dans cette perspective, Cordouan est une sorte de « chaînon manquant » entre les phares antiques en ruine et les phares modernes qui apparaîtront un siècle après le début des travaux de Louis de Foix.